Attachant et déroutant, acteur marquant, par sa singularité, de la vie artistique d’une Lorraine méconnue dont il révélait la lumière, Geo Condé échappe aux définitions réductrices : peintre de vocation, aussi original comme céramiste, marionnettiste ou sculpteur, il se distingue par un goût de la diversité ouvert aux influences fécondes : des Arts Premiers à l’Art-Déco, des Primitifs italiens (Fra Angelico, Giotto) à ses contemporains (Cézanne Rouault, Matisse, Léger) avec une prédilection pour les Maîtres de l’école espagnole et pour l’évidence des dessins d’enfants.
Éclectisme apparent mais synthèse profonde, toujours sous le signe de la bienveillance tant à l’égard du sujet que du spectateur.
Peintre, Geo Condé (1891-1980) l’était par vocation et le resta : l’intensité de l’huile, la transparence de l’aquarelle, le velouté des pastels, le brillant de la peinture sous le verre lui permettaient d’exalter son goût pour la couleur et pour la fantaisie du dessin. La céramique, il en fit un métier, de 1922 à 1939, appelé par la manufacture de Lunéville/Saint-Clément pour développer une stylisation en accord avec le courant de l’Art Nouveau.
Les marionnettes enfin, auxquelles il s’était essayé adolescent, il les redécouvrit en 1934 à l’invitation du Groupement des Étudiants Catholiques de Nancy et y trouva un prolongement de son aventure créatrice, toujours avec l’œil du peintre. Il se lance dans les marionnettes à fil sous l’angle des sketches de music hall et atteint d’emblée une qualité distinguée à l’Exposition internationale de Paris de 1937 par une médaille d’argent. Puis, reprenant son autonomie, séduit par l’immédiateté des marionnettes à gaine, il a l’idée de broder les têtes avec des fils de laine tirés comme des traits de pinceau. Costumes et décors forment des tableaux vivants rehaussés de dialogues savoureux qui réjouiront petits et grands jusqu’en 1965.
Il peindra encore beaucoup, sculptera des figurines en bois, fasciné par l’évidence des Arts premiers et des dessins d’enfants.